Texte @ La Fashionerie 1980, Paris, Le Palace, 6 heures du matin des mégots trainent sur le sol, des fêtards s’enlacent, et une grande brune racée danse sur la piste, c’est Farida Khelfa, [mepr-show rules=”8316″ unauth=”message”]elle est magnétique. Trente ans plus tard, l’ex mannequin n’a rien perdu de sa superbe quand elle ouvre la porte de l’appartement mythique d’Elsa Schiaparelli, dont elle est l’ambassadrice. Coïncidence ? Pas vraiment. Tout comme la couturière italienne s’était affranchie d’une famille ultraconservatrice au début du 20esiècle, Farida elle, a fuit à 16 ans une famille algérienne étouffante pour devenir un personnage singulier du monde de la mode. Deux femmes audacieuses, deux tempéraments de battantes, l’association de leurs noms est une évidence. Quand on lui demande pourquoi elle a accepté de rejoindre Schiaparelli en 2012 pour relancer la marque fermée en 1954, elle répond : « Faire renaître une maison avec une histoire aussi riche, ne se refuse pas. En 1927, Schiap a quasiment posé tous les codes de la mode encore d’actualité. Influencée par l’esthétique surréaliste, elle a révolutionné le vêtement avec ses pulls en trompe l’œil. Elle était libre en phase avec elle même. Elle incarne pour moi cette notion de la liberté qui me fascine.». Ici, entre les œuvres de Dali et de Bérard, Farida est « multitâche ». Elle aide tout le monde, ainsi que Bertrand Guyon, le directeur du style arrivé en avril. Avant lui il y a eu Christian Lacroix, invité pour la première collection, puis Marco Zanini pendant un an. La couture est en effet un exercice difficile qu’il faut maitriser, mais le nouvel arrivant semble être une perle rare. « Bertrand a une véritable connaissance de la couture. Il sait exactement comment construire un vêtement, diriger un atelier et suivre une collection dans son intégralité.» souligne t’elle. Pour son tout premier défilé couture AH15-16, il a réinventé le cosmopolitisme qui a tant marqué l’œuvre de Schiap, baptisé « Le Théâtre d’Elsa ». On aperçoit le « Rose Shocking », le visage d’Elsa dans un patchwork de fourrure, l’œil de Dali. « Il a fait une alliance du passé et du présent fine, très juste, assez classique, mais je pense que c’était un parti pris tout a fait clair pour montrer son savoir-faire. » précise Farida. Ce qu’elle aime le plus ? Assister aux essayages. « La collection prend vie, la tension est palpable. C’est une étape cruciale où chaque détail compte pour éviter les erreurs. J’ai été à l’école des détails, et un détail qui ne va pas me rend malade. Quand j’étais mannequin, j’ai fait des heures d’essayage avec Azzedine Alaïa qui s’obstinait à corriger les détails, je ne comprenais pas pourquoi. C’était l’enfer ! (rire). Avec le recul, j’ai saisi son obsession du vêtement bien coupé, parce qu’au final quand quelque chose ne va pas on voit que ça ! ». Des projets, la maison en a plein et envisage même de collaborer avec des artistiques comme le faisait Schiaparelli. « Nous l’avons fait avec Jean-Paul Goude. Nous aimerions renouveler l’essai avec des gens d’univers différents. C’est à nous de trouver le Dali d’aujourd’hui… » Tout est dit ! Elsa Schiaparelli, 21 place Vendôme, Paris. [/mepr-show]