Texte la rédaction
Artiste contemporain majeur, dont la côte ne fait qu’augmenter, Kaws s’associe une nouvelle fois à Uniqlo, afin de permettre au plus grand nombre d’accéder et surtout de porter son art, à l’image d’un Andy Warhol des temps modernes.
On ne sait pas quels sont les termes du contrat qui unit l’artiste Kaws à Uniqlo, mais une chose est sûre, ce partenariat s’inscrit dans la durée, au point qu’une partie de la génération des nouveaux consommateurs, connaissent peu ou mal cette star de l’art urbain contemporain. La fashionerie revient sur son parcours pour vous permettre de comprendre en quoi cette collaboration est importante.
Kaws, un nom iconique et un style inimitable dans le paysage de l’art contemporain et le milieu de la mode. Désormais connu pour son personnage devenu culte, le Companion, est décliné à l’infini, Kaws est pourtant bien le produit de la scène graffiti sauvage et illégal, qu’il a pratiqué un certain temps avant de s’en affranchir, s’inspirant au passage de sa logique d’omniprésence.
UN GRAFFITI ARTISTE AUTHENTIQUE
Ce qui caractérise un artiste issu du graffiti, c’est en effet sa volonté d’investir toutes les surfaces et tous les domaines, dans une boulimie qui abolit les frontières, notamment celle de la légalité. Cela nous ramène à la fin des années 90 et au début des 90, lors desquels Kaws n’a alors qu’un objectif, se faire respecter par ses pairs en utilisant marqueurs et bombes de peinture. Ses idoles sont alors les graffiti artistes New Yorkais de la seconde et troisième génération, dont on peut retrouver les oeuvres dans des livres références comme Subway Art ou Spray Can Art. Mais Kaws ne vit alors pas à New York, mais juste en face, à Jersey City, une ville si proche mais si loin de la grosse pomme, où la visibilité n’est pas la même. Entre les surfaces urbaines faites de briques, les voies de chemin de fer et les panneaux publicitaires surdimensionnés qui lui permettent d’intégrer son nom à un univers déjà existant, Kaws trouve malgré tout le moyen de se faire remarquer par les autres artistes de la bombe, surtout qu’il peint à l’occasion des trains de marchandises qui parcourt l’ensemble des états unis. Ces derniers, après la disparition progressive des graffitis sur le métro de New York, constituent alors une alternative de choix qui se transforme en véritable mouvement. Kaws est l’une des figures montantes de ce mouvement notamment pour ses super productions qui couvrent la totalité d’un wagon. En parallèle il peint aussi sur des murs, et intègre le groupe TC5, l’un des plus prestigieux de New York en termes de style. Sa carrière d’artiste contemporain n’est pas encore lancée, mais celle de graffiti artiste est par contre déjà solidement ancré dans l’asphalte US.
ETUDIANT EN ART ET AGITATEUR URBAIN
Contrairement à de nombreux autres graffiti artistes, Kaws bénéficie d’un environnement socio familial qui lui permet d’associer sa passion à un cursus scolaire. Il intègre donc la prestigieuse Visual School of Art de Manhattan, où il obtient un diplôme en animation. Dessinateur free-lance pour des studios de création le jour et graffiti artiste la nuit, il enchaine des travaux de second plan en concevant des décors de dessins animés célèbres. Un passage chez Disney agit cependant comme un déclic. Il comprend l’universalité que peut avoir un personnage et s’emploi dès lors non pas à reproduire son nom, mais un visage aux allures de tête de mort inspiré par Mickey, qu’il décline peu à peu sur les surfaces urbaines. Le personnage prend alors vie petit à petit, au fur à mesure qu’il lui rajoute des postures. Des murs, le personnage passe aux affiches de Bus, qui sont littéralement squattées.
Pour se faire, Kaws démonte les vitrines, prend les affiches, les peints, et les remets discrètement sans que personne ne s’en rende compte, ce qui réduit le risque de se faire interpeller pour vandalisme.
L’idée prend une tout autre tournure quand Kaws décide de s’attaquer aux affiches publicitaires de prêt à porter ou de cosmétiques. DKNY, Tommy Hilfiger, Calvin Klein, Bebe ou Guess voient leurs publicités mystérieusement squattées par une tête de mort qui se transforme parfois en serpent. Le personnage devient alors à son insu une icône de la mode, bien qu’il ne squatte pas exclusivement les publicités liées au milieu.
FIGURE DE LA CULTURE URBAINE
En parallèle, dans la dynamique du mouvement Street wear naissant, Kaws multiplie les voyages, notamment à Londres, où il s’enrichit de la culture urbaine local qui s’influence de la scène japonaise. Dans le sillage de cette dernière, l’univers des jouets pour les grands enfants, où se matérialise des personnages issus de la scène artistique urbaine. Le Companion prend alors vie et forme dans ce brassage artistique qui voit Kaws multiplier les collaborations et les supports. Couvertures de magazines, toiles de peintures, premières associations avec des labels de vêtements urbains deviennent alors son quotidien. Le premier Companion en chair et en os prend vie vers la fin des années 90. Doté d’un corps, peint en gris, il est aujourd’hui estimé à environ 25 0000 dollars, ce qui donne une indication sur le prix des premières affiches que l’artiste détournaient dans New York. A Tokyo, dans le sillage de la marque Ape et son créateur Nigo, il parfait sa vision de pop art global comme un Andy Warhol des temps moderne.
La première marque avec qui il collabore est pourtant aux antipodes des enseignes de Luxe et de l’art contemporain. C’est avec Subware, un label urbain crée par le graffiti artiste Stash, qu’il expérimente pour la première fois son personnage sur les vêtements. Aujourd’hui, un sweat issu de cette collaboration se vend 3500 euros sur les sites de reventes. Le coup d’essai n’est pas forcément un coup de maitres. Exclusivement prisé dans un milieu d’initié, il faudra attendre que Kaws rencontre le succès grâce à son intronisation dans la culture pop, pour que les vêtements portant ses personnages s’arrachent comme des petits pains. Car entre temps, ses toiles et créations ont su séduire des figures importantes de la musique comme Pharrell Williams qui devient un fan inconditionnel à l’époque où il multiplie les productions musicales pour les plus grands noms.
STAR DE L’ART CONTEMPORAIN
L’artiste gagne en visibilité et devient incontournable. Il signe notamment la pochette d’un album de Kanye West, collabore avec Comme Des Garçons, Marc Jacobs ou Nike. L’artiste ne néglige pas pour autant l’art contemporain, qu’il investit à travers des sculptures de son personnages monumental. C’est en 2016, au plus fort de son succès, qu’il initie sa première collaboration avec Uniqlo à travers une série de T-shirt. L’idée est de permettre au plus grand nombre d’accéder à son art toujours dans la logique d’Andy Warhol. Mission réussie, car cette première collaboration s’arrache comme des petits pains. A partir de cette dernière, plusieurs autres suivront, avec des succès plus contrastés. Reste qu’a chaque sortie, c’est un événement, car la côte de l’artiste est toujours en hausse quoi qu’il arrive. Avoir un vêtement ou un objet signé Kaws ne peut donc que prendre de la valeur avec le temps. Cette collection d’hiver, ou l’artiste désormais plus vieux et plus sage revisite des basiques du vestiaire hivernal, ne devraient donc pas déroger à la règle.

…



